Combien
de temps va durer cette belle entourloupe, chers Messieurs ?
Cela fait plusieurs années déjà que nous sommes vexés de ne pas
avoir vaincu la maladie à l'écoute de vos somptueuses litanies
(Vexations, 2010). Pire. On prend goût à cet état
mi-joyeux, mi-atrophié qui nous sied plutôt bien. Point de
masochisme, juste l'amour de la bataille contre ce fléau avec lequel
on s'écharpe depuis des années. Et quelque chose nous fait dire que
cela risque de durer une éternité The Scarlet Beast O'Seven
Heads touche au divin, à
l'absolu. Au miraculeux. Allemand, Konstantin Gropper a commencé son
escapade par une série de démos, maxis et EPs (quatre entre 2005
et 2007) avant de lancer le curieux et très remarqué Rest
Now Weary Head ! You Will Get Well Soon
(2008), qui l'a révélé au grand jour. Touche-à-touche (piano,
batterie, guitare, violoncelle), il fait ses premières armes dans le
groupe Your Garden,
alors simple adolescent. Gropper obtient un diplôme de philosophie
et part s'installer à Berlin puis retrouve Mannheim. En 2005, il
devient lauréat du prix Erich Fried en Autriche pour avoir mis en
musique un poème de l'auteur sus-cité. Über classe.
Accompagné
d'une troupe de fer (sept musiciens dont sa sœur Verena Gropper), et
des instruments à n'en plus compter, le chef de file et les siens
confinent leur œuvre au magique. Rien que la voix qui sent le vécu
écorché de Gropper, à la Neil Hannon de Divine Comedy, soigne
derechef d'un chagrin de cœur. Magnificence mélodique, arrangements
sépulcraux et cathartiques, le tout touche souvent au sidérant.
Pour s'en convaincre, une seule écoute suffira. Pour les passionnés,
le bouton repeat sera
usé jusqu'à la corde. Et pour les pressés, Disney renferme l'un
des plus beaux morceaux choraux créés depuis des lustres. The
Scarlet Beast O'Seven Heads n'est
pas un palliatif : c'est un phare de la nuit, la preuve la plus
tangible contre l'inanité. Mais admirez donc ces cuivres
époustouflants de justesse de A Gallows. Que
dire de plus ? Que le côté intimiste de Oh My !
Good Heart rappelle les spectres
de Jeff Buckley et Nick Drake ? Inutile. La toile est admirable.
De ces joyaux qu'une chronique rend vaine dans une atmosphère
funèbre voire christique, sans être lacrymal ni facile, écoutez
Get Well Soon, et bon rétablissement, hein ! Parfois, la folie
d'y croire vaut la peine de la souffrance. Mais l'espoir triomphe,
toujours, envers et contre-nous.
9/10
Des mots à la hauteur de l'album !
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