La "fille de" s'en est tellement pris dans la gueule cette année... Comme si on devait aller prier La Mecque pour s'excuser d'avoir des parents célèbres. Rétablissons le vrai : Places est un honorable album et ce titre un véritable bijou. Lou Doillon chante en anglais, mais contrairement à ses consoeurs, n'en fait pas des caisses (coucou Emilie Simon ça va ?). Succès mérité. On a pas fini d'entendre parler d'elle.
#29 Dominique A - Par Les Lueurs
Je dois avouer que je n'ai jamais été très sensible aux escapades de Dominique A. Pourtant Par Les Lueurs est un somptueux morceau, délicat et raffiné. Rien à ajouter.
#28 Lana del Rey - Off to the Races
On a tout vu, entendu, lu sur Lana del Rey, je vais pas en rajouter. Mais tout jeter serait une erreur, car Born to Die contient une poignée de titres très réussis, et ce Off to the Races en fait partie. On y découvre une Lana bitchy, minaude, mais qui assume absolument tous ses excès. Et ce #28 n'est pas là pour supposer que le-nouveau cool-c'est-d'aimer-Lana-après-l'avoir-trashée-après-l'avoir-aimée-avant-tout-le-monde (je vous entends d'ici).
#27 Cat Power - Ruin
Il y a deux grands titres sur le dernier album de Cat Power : Ruin et Cherokee. Des titres brillants, produits par l'excellent Zdar, qui rappellent de quel bois se chauffe l'interprète du légendaire You Are Free (2003). Trop peu pour un retour attendu comme le messie. Ne lui en voulons pas trop : Chan Marshall annule sa tournée européenne pour problèmes de santé, mais aussi parce que la scène la tétanise, même après toutes ces années. Elle confie aussi manquer d'argent pour amortir les coûts techniques de sa tournée. C'est très triste, et son album n'est pas à la hauteur de son talent, mais Ruin, au texte cynique, met du baume au coeur, et on lui souhaite d'être heureuse, en bonne santé, et de revenir vite.
#26 Tindersticks - The Fire of Autumn
Collectif à l'inénarrable carrière, Tindersticks est revenu en 2012 de la plus belle des manières, avec un disque pénétrant. J'aurais pu choisir n'importe quel titre de l'album, mais celui-ci a ce petit quelque chose qui me touche.
#25 Young Man - By And By
Tout le monde ignore l'existence de Colin Caulfield et tout le monde a tort (j'en dirai un peu plus sur le bonhomme dans le top albums). Le coup de maître de By And By c'est de laisser l'impression lors d'une écoute rapide d'un classicisme, d'un manque d'inspiration, d'une terne nonchalance. Il n'en est rien. "It's my fault / and everyone knows" <3. Le titre parfait pour endurer l'hiver ou un vague à l'âme printanier.
#24 Hannah Cohen - Boy + Angel
Dans un monde parfait, cette ex-mannequin aurait vendu des millions d'exemplaires de son Child Bride. Mais le monde étant ce qu'il est (violoncelles), il faudra patienter. D'une simplicité et d'une texture pop effarantes, Boy + Angel se cache derrière une fausse candeur pour laisser un piano se déstructurer, à la surprise générale. Un vrai coup de coeur.
#23 Benjamin Biolay - Ne Regrette Rien
Je suis de ceux qui pensent que Benjamin Biolay est un peu surestimé. Biolay est au sommet de son art depuis 2007, alors pourquoi un intérêt soudain (depuis La Superbe) assez panurgique ? Si on l'encense autant, c'est parce que les rangs sont vides du côté des artistes masculins français. Il est quand même capable de très bonnes choses, comme ce grand morceau avec Orelsan, tiré de son dernier album en date, Vengeance. Poignant.
#22 Bat For Lashes - Laura
Si The Haunted Man est l'une de mes grandes déceptions de l'année, Laura reste d'un romantisme fou. Natasha choisit l'épure et l'émotion valeureuses. Et le clip est sublime.
#21 Jonathan Boulet - Hallowed Hag
Encore un artiste injustement passé inaperçu. Et pourtant, que son album est bon ! Une myriade de tubes instantanés, des bombes estivales savamment calibrées et foutraques. Admirez la précision rythmique et les variations sur Hallowed Hag, à couper le souffle.
#20 Yeti Lane - Dead Tired
On rentre dans les très gros dossiers là. Genre les titres de 2012 qui auraient très bien pu être ceux de 2003 ou 1912. Le duo Yeti Lane a pondu l'un des gros oeufs de l'année, et ce titre est le meilleur sorti par un groupe français. Atmosphérique, Dead Tired rappelle les grands moments de Cyann & Ben en plus rocailleux. TERRIBLE.
#19 David Byrne & St. Vincent - I Am An Ape
Ah, le retour en force du jazz dans la musique indé... Etrange phénomène. Sauf qu'ici, c'est le retour de l'indé dans la musique jazz. On connait la valeur intrinsèque de Byrne et Clark. Mis ensemble, ça dépôte. Si Love This Giant est l'album le plus classe de l'année, I Am An Ape (An Ape = unhappy ?) est un putain de bonbon swingant sur la langue. Et vu la gueule de St. Vincent sur la pochette, elle ne l'a pas encore avalé.
#18 Sufjan Stevens - Christmas Unicorn
Je vais mettre les choses au clair. Ce n'est pas son meilleur titre, loin s'en faut. S'il n'était pas signé par lui, je ne l'aurais probablement jamais écouté. Et d'ailleurs, du Sufjan #18 c'est pas franchement une bonne nouvelle, de ma part. Car Stevens n'avance plus, et son Silver & Gold, qui m'a longtemps excité, me laisse un goût amer. Sufjan est une grande personne, je lui voue une admiration sans faille, mais il stagne. Comme Impossible Souls mais sans lui arriver à la cheville, Christmas Unicorn s'étale, s'étale, se répète puis s'en tire bien : la première moitié du morceau n'est franchement pas intéressante. Ca s'arrange après, avec la reprise Love Will Tear Us Apart de Joy Division (fallait le faire !).
En fait je crains que le bonhomme devienne sa propre caricature. C'est la première fois que Sufjan me déçoit, mais ce titre, à l'image de ses albums de Noël, n'est pas à la hauteur. Peut-être que c'est le fait de ne pas aimer Noël qui me fait dire ça, mais il est capable de tellement, tellement mieux. Planetarium, ça c'est de la création, de l'ambition, de l'art ! Pas des coffrets vinyles vendus à 200 euros, avec plein de gadgets inutiles dedans, pas une putain d'apologie de Dieu en chansons, mec ! Je serai quand même le premier à aller voir son spectacle en 2013, s'il daigne s'arrêter en Europe. J'ai même pas le goût de mettre le lien YouTube du titre. De toute façon les licornes n'existent pas.
#17 Radiohead - Ful Stop
J'ai bientôt plus de superlatifs dans le vocabulaire là. Mais ça va le faire. Car avec Radiohead j'ai pas besoin de parler. Et cet inédit joué sur scène est très bon.
#16 Sigur Rós - Varúð
Ceux qui n'aiment pas les chansons des Islandais n'aimeront pas ce titre. Ceux qui les suivent de près l'adoreront. C'est parfois con la musique. Choisissez votre camp.
#15 Beach House - Lazuli
Le classement est dérisoire. Lazuli est le meilleur titre de Beach House tous albums confondus, et venant d'un groupe qui n'a quasiment aucune chanson faible à son actif, c'est fort. Le break vers 2'35 est sûrement mon moment sonore préféré de l'année.
#14 Perfume Genius - Dark Parts
Ca aurait pu être Hood, All Waters ou Put Your Back N2 It. Mais je voulais éviter de choisir un titre trop triste, de crainte d'être taxé de dépressif sous Lexomil. A écouter sous la pluie ou dans le noir au casque pour parfaire le cliché.
#13 Cheek Mountain Thief - Cheek Mountain
Par conscience blogoprofessionnelle, je me dois de vous dire que Mike Lindsay, le leader de Cheek Mountain Thief, est un pote avec qui je prenais des cours d'islandais à Reykjavik. Mais quand il m'a dit qu'il faisait de la musique, j'étais loin de m'imaginer qu'il faisait cette musique. Si l'influence d'Arcade Fire (à leur meilleur, c'est à dire long time ago) et des morceaux choraux de Fleet Foxes est palpable, Cheek Mountain reste une pièce d'orfèvre authentique. Le titre folk par excellence.
#12 Animal Collective - Today's Supernatural
Comme hanté par les flammes, Avey Tare ici brille par son chant foutraque, désespéré, qui sonne tel un beau bordel bien tenu. La rythmique n'en demeure pas moins addictive, très dansante et cathartique. Le passage à quatre temps au milieu du titre lui redonne un souffle inédit. Peut-être le plus "AnCo signature" de ce Centipede Hz. LÈLLÈLÈLLÈ GO !
#11 Lower Dens - Brains
Attention tempête. Une constante tension règne sur cette course frénétique et lunaire. Là encore, comme sur le Beach House, la rupture à 1'45 est tellement bien amenée, tellement belle, qu'elle laisse entrevoir mille entrées pour se laisser poigner par Brains.
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