vendredi 8 avril 2011

The Kills @ Bataclan (6/04/2011)


Mardi, 13 heures. La Fnac du Forum des Halles de Paris est pleine à craquer. Les Kills s'adonnent à une séance de dédicaces pour célébrer la sortie de leur nouvel album, Blood Pressures. Non loin de là, un noyau de salariés Fnac protestent contre la non-revalorisation de leur salaire et le manque de garanties contractuelles. Ouais mais bon, les Kills sont là, et les voir signer mon vinyle vaut toutes les complaintes des salariés du Fnac Megastore.

Le succès des Kills, duo gruge rock composé de Jamie Hince et d'Alison Mosshart, revêt de l'irraisonnable. Au-delà de leur musique, ces deux loups nocturnes portent en eux un mythe, une hystérie collective impressionnants. Justifié ? Pas justifié ? Je vous laisse juge.

Sourire, signer des autographes, prendre la pose devant une flopée d'iPhone (la photographie est morte), pas la mer à boire. Monter sur scène, défendre un album, faire face à une attente folle, tout sauf dérisoire. Habitués aux foules, aux concerts, à la presse peuple, les Kills semblent rodés. Trop. Une mécanique trop bien huilée, une prise de risque proche du néant, une capacité à se renouveler qui fait cruellement défaut. Etre l'objet d'un mythe est un défi de taille. Dans une salle du Bataclan surchauffée, électrifiée, les Kills jouent dans leur terrain favori. Ils savent que, bon concert ou non, la grande majorité des fans ressortiront ravis. Parce que le concert fut complet en quelques heures et que payer une trentaine d'euros sans aimer la prestation, bah ça fait mal aux fesses. Donc on s'auto-persuade, on se dit qu'avoir vu Alison, mieux, Kate Moss dans la tribune du Bataclan, c'est quand même la classe.

Mais que reste-t-il ? Blood Pressures est-il un bon album ? Les Kills vont-ils anéantir le Bataclan en proposant un concert inoubliable ?

Le show démarre fort avec un No Wow absolument fantastique. Hince est un excellent musicien, Mosshart une remarquable interprète. La symbiose est parfaite. Le public, en ébullition, n'a d'yeux que pour la déesse Mosshart. La voir s'enflammer avec sa crinière brunâtre, sa chemise de panthère et sa voix rocailleuse, c'est quand même assez jouissif. Les deux titres qui suivent, tirés du nouvel album sont plaisants, sans plus. On s'étonne déjà d'avoir l'oeil qui titube, à chercher Kate Moss du regard… The Kills est pourtant un duo suave, terriblement félin. Oeil de lynx.

U.R.A Fever, Tape Song : voilà de quoi donner un nouveau souffle au concert. Deux morceaux qui font de Midnight Boom une pépite, un condensé d'énergie rock fracassante. Manquait que Cheap & Cheerful, mais ne nous plaignons pas trop vite. Très vite, le concert devient bancal. Et confirme que le dernier opus n'est qu'une caricature d'un groupe qui a peut-être fait le tour. Quand on se fait chier à un concert de Coldplay, c'est plutôt bon signe. Quand on regarde sa montre devant un live des Kills, c'est que quelque chose cloche. Le groupe se fige, propose uniquement ce qu'on attend d'eux, sans risque aucun. Prendre la pose ne suffit pas. Encore faut-il donner de la consistance, un fil rouge à un concert qui vire très vite dans le rouge.

Le son d'ailleurs. C'est beau de riffer comme un malade (pas une critique, Jamie Hince est un putain de musicien), crier comme une aliénée, mais ça ne change rien. Le son, exécrable, vomitif, handicape le groupe. Pas étonnant de voir Hince demander une bonne dizaine de fois de moduler le retour son. Un son qui devient alors, brouillon, inaudible et incompréhensible. Le rock, c'est avant tout la modération du son qui crée des nuances, des touches olfactives, des sensations. Sour Cherry clôt néanmoins le set sur une bonne note.

45 minutes: le groupe retourne en coulisses, et tarde à revenir. On ne les blâmera pas. Surtout si c'est pour entamer un rappel avec The Last Goodbye, chanson guimauve où Mosshart se prend pour une chanteuse émotionnante et larmoyante, alors que tout ce qu'on lui demande c'est de nous faire mouiller du slip.

Le concert aura duré à peine une heure. Sans rentrer dans une dichotomie lénifiante entre qualité et quantité, une heure de concert, c'est objectivement peu. Ce n'est pas comme si le groupe n'avait sorti qu'un album. Restera la hype, le plaisir d'avoir vu Mosshart, et les boules de voir un groupe qui n'a plus vraiment le sang chaud. 

4.5/10

Setlist :
  1. DNA 

2 commentaires:

  1. Bon, j'avoue avoir un peu de mal à suivre quant a ce que tu penses de Blood Pressures, chaton.

    Personnellement je pense que c'est leur meilleur album depuis le dyptique KOYMS/No Wow, pratiquement aucune faute de goût (hormis effectivement TLG, a mon goût aussi indéfendable) sur les dix titres de l'album, je suis pas inquiet du futur musical du groupe. Midnight Boom n'est pas mauvais, mais il se défend à mon goût bien mieux sur scène, c'était peut-être la seule bonne nouvelle de ce concert là, en fait.

    Là où on est d'accords par contre, c'est a quel point ce dernier album ressort pas bien en concert, plombe la setlist péchue du groupe par la présence d'un trop grand nombre d'arrangements (je sais pas si t'as entendu les "oooohoooh" enregistrés supplémentaires durant "Satellite", moi d'ailleurs ça m'a fait comme une sorte de fussoir) et d'une cohérence qui n'appartient qu'a l'album et qui ne se mélange pas bien avec le côté "raw" des albums précédents.

    Après j'ai trouvé qu'ils avaient une présence dingue sur scène, pas le sang chaud ? Je pense qu'il faut jouer dans des conditions aussi pourries pour comprendre ce qui les a poussé à faire un set aussi court, et à leur place moi non plus je me serais pas tâté. Mais j'étais quand même content de les voir, autant Jamie (c'te classe, quel enculé) que VV (hottie quand il s'agissait d'agiter ses cheveux dans le ventilo, Jamie doit bien se bouffer les doigts par moments) ont assuré sur scène, et du coup ça m'emmerde un peu de penser que j'aurais jamais le courage de les retenter live, c'est pas franchement le groupe sur lequel j'ai envie de rester sur une mauvaise impression...

    Enfin, c'est toujours cool de se rejoindre sur ce sujet là, ça permet d'enterrer un peu plus la hache de guerre quant au sujet TKOL. Je signe pas, mais le coeur y est ! :D

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  2. "Mosshart se prend pour une chanteuse émotionnante et larmoyante, alors que tout ce qu'on lui demande c'est de nous faire mouiller du slip." Très bon et très vrai ahaha.
    Sinon j'étais au concert et effectivement le son était vraiment pourri. Après malheureusement leurs sets sont toujours ultra courts. Ce que je regrette c'est que s'ils ont toujours le même charisme, ils ont un peu perdu le côté foutraque du début. Ca en devient chiant de professionnalisme, ils balançent la boîte à rythme et c'est parti, réglé comme du papier à musique. Après mon côté fanboy fait que ça reste toujours un plaisir pour moi de les voir.

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