mardi 27 mai 2014

Son Lux @ Café de la Danse (26/05/2014)


La question est sur toutes les lèvres. Ryan Lott est là pour défendre son lumineux Lanterns, pourtant les fans n’ont en tête que sa collaboration avec Serengeti et Sufjan Stevens. « Est-ce que vous allez partir en tournée avec Sisyphus ? » La réponse est claire comme la peau de l’Américain. Non. Serengeti croule sous les projets, sans parler du stakhanoviste Sufjan Stevens. On tient un scoop.

Mais pourquoi donc s’éterniser sur cette collaboration à demi-ratée - trois génies réunis n’enfantent pas d’un chef d’œuvre - alors que Son Lux vient de prouver à la terre entière - qui va de la rue de Lappe au passage Louis Philippe - qu’il se suffisait à lui-même. Ou presque. Contrairement à Owen Pallett vendredi à la Maroquinerie, le tiercé gagnant, composé de Ryan Lott, Rafiq Bhatia le guitariste - il officie aussi, et brillamment, en solo - et le batteur Ian Chang, est indissociable du succès du groupe. Ne comptez pas sur le Canadien pour se montrer loquace envers le public : son amour, il le témoigne d’un doigt d’honneur gênant adressé à la foule. Ryan lui, sourit, remercie, balbutie quelques palabres en français, et met tout le monde dans sa poche. Quelle soirée.



C’est sans compter sur la gifle musicale que déverse Lott, derrière son clavier. L’alchimie entre les trois musiciens est juste, et le public, à coups de cris, de claps ou de sourires, est le quatrième angle droit d’un concert carré comme un ciel étoilé. Chaque morceau, non content d’être réorchestré, rallongé et réussi, prend aux tripes tant l’engagement des artistes sur scène est au firmament. Il y a certes quelques accords à côtés ou des montées d’octave un peu manquées, mais elles sont belles, ces erreurs. Et l’erreur serait de ne pas se noyer dans ces odyssées sonores, toutes mieux construites les unes que les autres. En ouvrant les yeux, on a le choix entre les muscles saillants de Lott, les gouttes de sueur du batteur, ou la totale folie de Bhatia, remarquable ce soir-là. Parmi les points d’orgue du set, Ransom est sexy comme jamais, Easy prend une dimension toute nouvelle en live, et ce n’est pas Lorde qui viendra apporter quelque chose de neuf au morceau. Electrique et fiévreux, Lanterns est interprété entièrement, le moins bon morceau de l’album excepté. Lost It To Trying It laisse sans voix, et sans mot. 


C’est ce constant courage, ce bon goût très américain qui surprend. Servi par des jeux de lumière et de scène sobres, Son Lux livre une prestation impeccable, que sa dernière œuvre en date ne saurait transposer. Il démontre, pendant une bonne heure et quart, à quel point la performance scénique se suffit à elle-même, et qu’elle crée des moments d’une rare intensité. « Mais qu’est-ce qui vous fait tenir, vous impliquer autant sur scène ? ». Rafiq Bathia répond, telle une évidence : « Le public, l’amour des gens, tout simplement ». Pendant ce temps-là, Sufjan Stevens, enfermé en studio pour mettre sur pièce son pharaonique Planetarium, a du souci à se faire. Lui a beau posséder les planètes, les étoiles sont bel et bien le domaine de Ryan Lott. Cette guerre des étoiles là, épisode 7, c’est aussi pour 2015.


-> AGENDA // Son Lux + We Insist ! @ Le Tamanoir, Asnières-Gennevilliers le 1/06

lundi 26 mai 2014

Owen Pallett - In Conflict (2014)


Que s’est-il passé pour qu’il en arrive là ? En 2011, après un concert étincelant à Paris, le diaphane Pallett est à bout. La performance est convaincante, saisissante même. Mais une fois en backstage, le garçon relâche la pression. Il semble ailleurs, plus intéressé par le fromage auvergnat et ses Vogue bien entamées que par la justesse de ses réponses. Mais il en a gros sur le coeur. Arcade Fire, dont il fut l’un des membres ? Il ne veut plus en entendre parler : « Je joue avec eux le plus souvent possible mais c'est devenu un grand groupe, il faut s'organiser en amont. Ils me manquent, c'est mon groupe préféré. Malheureusement, ça n'a pas très bien fonctionné. » Il a changé d’avis puisqu’il est apparu à leurs côtés sur la tournée Reflektor. A l’époque, il n’est pas (encore) question d’un nouvel album. Le Canadien, harassé par une interminable tournée, prévoit d’aider un ami à la conception d’un film. Il a pourtant quelques nouveaux morceaux dans les cordes. Il les présente au public pour la toute première fois à l’Iceland Airwaves Festival, en octobre 2011. Owen Pallett n’est que l’ombre de lui-même. Léger comme trois plumes, il devient difficile pour lui de faire le poids. Des tonalités plus électriques, un chant approximatif voire à côté de la plaque, un violon délaissé, rien n’y est. Et surtout pas l’envie. Le successeur de Heartland risque fort de senti le roussi. Visiblement avide de changement, l’artiste s’oublie et renie les fondamentaux. 


Trois ans plus tard, il est nommé aux Oscars avec… Arcade Fire pour son travail sur la bande originale de Her, réalisé par Spike Jonze. Il n’est désormais plus le violoniste du groupe à huit têtes. Il se fait un nom mais ne marque pas encore les esprits. Le plus dur est fait, cependant. Pallett peut désormais laisser libre court à son imagination et repartir à l’assaut d’un sophomore album solo - troisième si l’on compte ses oeuvres sous le nom de Final Fantasy, quatrième si l’on connaît l’EP A Swedish Love Story (2010). Ainsi naît In Conflict, à l’appellation suffisamment explicite pour être prise au sérieux. Et c’est le moins que l’on puisse faire. Ecrit et produit par ses soins, le disque a été enregistré à l’aide d’une section rythmique composée de Robbie Gordon et Matt Smith, avec les participations de M. Brian Eno et de l’orchestre philharmonique tchèque. Textuellement, l’oeuvre évoque l’amour, la folie, l’identité sexuelle et la dépression. On a connu plus gai. Mais l’important est ailleurs. Le constat, implacablement le même : au bout d’une écoute ou après la centième, In Conflict semble être de ces oeuvres qui feront date, à l’image du Age of Adz (2010) de Sufjan Stevens. Pallett ne cache pas son admiration pour cet album qui a « détruit le monde » selon ses propres dires. Si ce dernier n’est pas encore responsable d’une apocalypse sur terre, il a sans doute aucun du sang sur les mains, à présent. Et pourtant, il demeure assez hasardeux de mettre sur un piédestal l’oeuvre en question. Il n’a pas donné suite à son envie électrique, le violon et le falsetto sont plus prégnants que jamais. Bref, rien de nouveau sous la palette proposée ici. Mais là où de nombreux artistes visent la perfection, Owen préfère l’éternité. Le plus beau moment - et le plus douloureux - du disque est le silence qui le succède. Un silence éthéré, où tout fait enfin sens. 


Si les treize compositions naviguent entre le tout juste excellent (On A Path, Soldiers Rock) et le stupéfiant (The Riverbed, tonitruante, Song For Five & Six), c’est bien le chef d’œuvre Infernal Fantasy qui sera retenue dans les livres d’histoire. Une odyssée folle et tourbillonnante d’à peine 3’23 où l’artiste lâche les chevaux dans un labyrinthe émotionnel fort dosé en hallucination cognitive. Une frénétique batterie vient dompter des bips électroniques, orchestrée par une voix exceptionnelle et des choeurs masculins en fin de titre à couper le souffle. Mais le véritable coup de maître, bien plus marquant que sur Heartland, réside dans l’incroyable fluidité et délicatesse dans laquelle berce l’album. Aucun trait forcé, jamais d’excès, le tout est clair comme du cristal. La marque des plus grands. On croit alors assister à un ballet russe ou à la performance artistique de la Coréenne Kim Yu-na sur le Concerto en F de Gershwin aux JO de Vancouver. Il serait terriblement grossier de vouloir juxtaposer des qualificatifs dithyrambiques sur In Conflict. Il ne s’agit pas ici de tenter de comprendre ou même d’apporter un éclairage. La seule prétention de ces lignes est de mettre en lumière une oeuvre d’art, accessible et rare, profonde et légère, marquante sans être encombrante. C’est désormais chose faite. On ne peut alors que s’incliner, puis remercier le gigantesque Owen Pallett pour nous rappeler que la musique peut encore sauver, non pas des vies, mais la vie. 

10

(Domino/Sony Music)


samedi 24 mai 2014

Owen Pallett @ La Maroquinerie (23/05/2014)

Owen Pallett @ La Maroquinerie (crédits photo : Orlando Fernandes)
Owen Pallett, le diaphane canadien, a à peine le temps de fredonner les paroles de son titre inaugural, que déjà, un fan, visiblement bien aviné, le rejoint sur scène en criant son nom. La foule présente hier à la Maroquinerie répondra, en choeur : « Non ! ». Impassible, Owen tient la corde comme s’il était dans le vide, sur le fil. De tous les instants, le diaphane canadien se tiendra sur ce fil. Fébrile, non, mais sensible, en équilibre tel un artiste, Pallett tient son monde du bout de la corde. Et il en a plus d’une à son arc. Emboîtant le pas au remarquable Hauschka puis au prometteur Fairhorns, il dicte la mesure comme un ange dresse les corps endiablés. On est très vite rassurés lorsqu’il reprend I Am Not Afraid de la consistance scénique de son dernier opus. Plus brut, plus sombre que tout ce qu’il a fait jusque-là, le Canadien porte son falsetto vers des sommets dantesques, fait vibrer son violon comme personne, et ses musiciens, le batteur plus que le guitariste, assurent le service après vente. D’une légèreté et gravités absolues, la Maroquinerie tremble encore des soubresauts palletiens. 

In Conflict, son dernier album qui paraît lundi dans le monde, séduit sur scène, mais c’est bel et bien E for Estranged, joué en toute fin de set, qui irradiera par sa grâce et son indolente émotion. « I’ll never Have any children » : Owen Pallett a visiblement oublié qu’il vient d’enfanter un génie, une petite pépite qui guidera beaucoup d’âmes esseulées en manque de repères. Plus qu’un concert, le show est une expérience. Danser sur du Pallett ? Mission accomplie. Les cordes de violon donnent du fil à retordre aux bassins et doigts ensevelis par du fil d’Ariane. Quelle voix déchirante sur The Passions, où l’artiste se retrouve seul au piano et se confie à qui veut de sa peine. C’est limite gênant tant d’impudeur, mais il ne faut jamais dire non à un plaisir coupable. Owen est heureux, il fait des doigts d’honneur à l’audience et reçoit des sourires en guise de réponse. « Gotcha », semble-t-il susurrer, tandis que la foule en redemande et se souviendra longtemps de la version endiablée de Lewis Takes His Shirt Off, qui est un peu le Impossible Soul de Sufjan Stevens ou le Two Weeks des Grizzly Bear. Les garçons jouent dans la même cour. Ils sont divins sur disque mais détruisent la lithosphère sur scène, sans fard ni chichi présomptueux. Pallett a son instrument, sa délicatesse et son savoir-faire vocal pour lui. 

(crédits : O.F.)

Musicien émérite, il a travaillé dur pour donner naissance à son dernier bébé et la consistance live qu’il offre rassure les platanes endoloris. Moment orgiaque, cataclysmique, l’enchaînement Infernal Fantasy / The Riverbed donne encore le tournis. Quel dommage que son musicien guitariste ne soit pas à la hauteur et massacre littéralement les choeurs robotiques de Infernal Fantasy. La rythmique n’est pas toujours au rendez-vous ; les garde-fous ont déjà quitté leur poste de surveillance.

Et que dire de l’inattendue et inénarrable This is the dream of Win and Régine qui date de son époque Final Fantasy, voluptueuse et tendre envers ses compagnons de route Arcade Fire. C’est assez parfait. Et magique, aussi. Les staccatos de son instrument embrassent les contre-temps de son chant et le tout donne un moment enlevé et inoubliable. Owen est vocalement irréprochable, et ça n’a pas toujours été le cas lors de ses performances passées. Song for Five or Six est accablante d’inspiration. 

 Le public parisien, eh bien, est plus parisien que jamais. Et vas-y que je te balance un « ta gueule » à un fan un peu trop enthousiaste, et hop je ne montre pas mes émotions mais « c’est-à-l’intérieur-que-ça-se-passe-tu-vois », mais qu’importe. Owen regarde droit devant, vers le monde qui l’attend. Celui de la reconnaissance et du progrès, sur lequel il a droit de cité. 





jeudi 15 mai 2014

Wye Oak - Shriek (2014)



Quel parcours ! Depuis la production de leur originel If Children (2007) juste après avoir abandonné leur patronyme Monarch, il n’y a guère que l’ADN de ses membres qui soit resté intact chez Wye Oak. Shriek, quatrième pierre à l’édifice - et pas des moindres, vient d’ores et déjà fortifier les solides fondations sur lequel reposait le talent du duo américain. Ledit talent s’est mû en prestidigitation, tant Andy Stack et Jenn Wasner transforment l’arc de bois dont ils disposent en arbalète. Officiant désormais chez le vénérable label City Slang, le groupe de Baltimore fait tout mieux qu’avant. Et Before en ouverture est là pour nous en convaincre : ligne synthétique brodée de coton, voix vaporeuse et rongée par la mélancolie, le titre est d’une précision dans les arrangements et dans la profusion de beauté assez bouleversante. La perfection rythmique du morceau suivant, Shriek, et ses apocopes vocales, provoquent un haut-le-coeur. Va-t-on pouvoir survivre à pareille démonstration ? Tout aussi rêveur que sexy (la languide The Tower) et résolument 2014, on nage ici le dos crawlé entre des nappes d’électronica (Sick Talk), des douceries pop voire même du psychédélisme (I Know thé Law). Fait rare : aucune seconde de ce quatrième album n’est plombé par l’excès de zèle ou le surplus de production trop léchée pour sonner vrai. Aucun titre à jeter, cela va de soi. L’album pourrait être parfait s’il nous eut permis d’écouter autre chose sans être rongé par le remords de l’infidélité. Stack et Wasner ont dû passer des heures à épier leurs voisins du Maryland, Beach House, depuis le trou de la serrure pour leur emprunter pareil onirisme organique et autres rêveries endolories. Ils peuvent désormais leur faire coucou du haut des étoiles (« And I will see thé sun for anyone », clame Jenn Wasner sur Despicable Animal), dans un ciel astral aussi lumineux qu’indépassable. Quel parcours, qu’on disait. 

9/10

(City Slang/PIAS)


lundi 12 mai 2014

We Were Evergreen - Towards (2014)


We Were Evergreen. Difficile de s’empêcher de rattacher le patronyme de nos Parisiens appréciés à un courant politique ou à y voir un hommage à une actrice nationale plus douée plus que la moyenne. Cette ambivalence leur colle à la peau. Elle se vérifie à l’écoute de Towards, premier album très attendu, complexe et touffu de Fabienne, Michael et William. Touffu car il dispose de quinze membres, tous convenables bien que trop rarement indispensables, et qu’un disque de pop dépassant les onze pièces n’est plus monnaie courante. Chaque titre, tel une fourmilière en activité, contient pléthore d’idées loin d’être inintéressantes mais qui mériteraient d’être développées et exprimées sur un album en intégralité. Complexe, donc. Frustrant, assurément. Exilés outre-Manche - allez savoir pourquoi -, ils ont la ferveur joviale pour eux, c’est indéniable. Mais on sent ici ou là l’excès de confiance, les poussant à donner vie à des morceaux en mélangeant les pièces du puzzle. Ca aurait pu fonctionner s’ils étaient les Dirty Projectors, dont le côté foutriquet de leurs oeuvres ont crée un monument de songwriting moderne (Swing Lo Magellan, 2012). Or, ils se rapprochent davantage de gentillets Vampire Weekend, pas avares en instrumentations adipeuses et un peu tribales (Overnight, Golden Fire), dont on aura probablement oublié les soubresauts au moments d’inscrire les faits héroïques de la pop moderne dans le marbre. Mention passable pour les refrains, souvent trop faibles (False Start, Cargo Cult). Des teintes de machines électroniques, des percussions, portées par une voix vraiment pas folle : les We Were Evergreen ne misent franchement pas sur l’originalité pour se démarquer. Mais la fraîcheur, la spontanéité et tout ce qu’elle contient d’approximatif dans le résultat final leur octroie une place très spéciale dans nos coeurs : celle réservée aux attachants  groupes moyens pleins de couilles et d’ambition. L’herbe qui pousse sous leur pied est toujours bien fraîche et plus verte qu’ailleurs.

6/10

(Because/WEA)


vendredi 2 mai 2014

SOHN - Tremors (2014)


Ce fils d’on ne sait qui, né sous une très bonne étoile, a surpris tout le monde en juillet dernier, ouvrant pour James Blake à la Cité de la Musique. Ses orchestrations raffinées, les boucles entêtantes et autres machineries électroniques, se sont imposées d’elles-même. Comment avait-on pu vivre sans avoir croisé la route de cet homme diaphane, natif de Londres, Viennois de résidence. Serait-ce un furtif coup d’un soir ou le commencement d’une relation faite pour durer ? Tremors, son premier bébé, ne laisse aucune place au doute. Incroyablement fécond, d’une maîtrise accablante et d’une rare densité, l’album dévoile sans sourciller et avec une force dans la caresse une electronica riche et atmosphérique. La voix lunaire de SOHN, proche d’un Thom Yorke ou de Sascha Ring, sied tellement bien ses compositions qu’il est impossible de détacher les éléments entre eux. Plutôt qu’un collage de sons bidouillés, Tremors est une constellation faite de petites particules, dont l’absence de l’une d’entre elles ferait défaut à toutes les autres. Langueur de basse et flow impeccable sur Ransom Notes, complainte déchirante au piano sur Paralysed - mais quels aigus ! -, l’amplitude des terrains conquis par l’Autrichien d’adoption est limite désinvolte. Le sublime Walls (2007) d’Apparat est terrassé, déclassé au rayon des disques prometteurs. Toutes les abîmes de SOHN étaient pourtant présentes lors de son live, mais la production irréprochable de l’opus - allez, peut-être un peu trop proprette - rend davantage justice à ce jeune talent fait pour perdurer. Ce qu’il y a de saisissant avec lui, c’est cette impression sans relâche que le divin artiste, au-delà d’être un créateur et un aventurier crépusculaires, est avant tout, et c’est là le talon d’Achille de bon nombre de génies contemporains, un minutieux auditeur. Il a dû s’enfiler des nuits à écouter les discographies de Boards of Canada, Mount Kimbie, Brian Eno et tant d’autres. Il en a recueilli le plus solide pour en extirper des bribes d’intimité, et, fait rare, d’authenticité. La claque provoquée par l’introductive Tempest pose les bases : falsetto sublime, accalmie du synthé, boîte à rythmes au rythme militaire… L’émotion est pure. Le tout est enveloppé dans une texture bien plus pop que krautrock, voire même dubstep. SOHN est un démocrate, avec tout ce que cela comporte d'ennuyeux. Il fait partie du conseil de l’angélisme noir, celui qui fait briller le cosmos d’un faisceau sépulcral, sur lesquels viennent mourir les arpèges tonitruants de Lessons. SOHN est déjà si haut. Qui est assez grand pour lui tendre la main ou lui dérober le coeur ? 

9/10


(4AD/Wagram)