La question est sur toutes les lèvres. Ryan Lott est là pour défendre son lumineux Lanterns, pourtant les fans n’ont en tête que sa collaboration avec Serengeti et Sufjan Stevens. « Est-ce que vous allez partir en tournée avec Sisyphus ? » La réponse est claire comme la peau de l’Américain. Non. Serengeti croule sous les projets, sans parler du stakhanoviste Sufjan Stevens. On tient un scoop.
Mais pourquoi donc s’éterniser sur cette collaboration à demi-ratée - trois génies réunis n’enfantent pas d’un chef d’œuvre - alors que Son Lux vient de prouver à la terre entière - qui va de la rue de Lappe au passage Louis Philippe - qu’il se suffisait à lui-même. Ou presque. Contrairement à Owen Pallett vendredi à la Maroquinerie, le tiercé gagnant, composé de Ryan Lott, Rafiq Bhatia le guitariste - il officie aussi, et brillamment, en solo - et le batteur Ian Chang, est indissociable du succès du groupe. Ne comptez pas sur le Canadien pour se montrer loquace envers le public : son amour, il le témoigne d’un doigt d’honneur gênant adressé à la foule. Ryan lui, sourit, remercie, balbutie quelques palabres en français, et met tout le monde dans sa poche. Quelle soirée.
C’est sans compter sur la gifle musicale que déverse Lott, derrière son clavier. L’alchimie entre les trois musiciens est juste, et le public, à coups de cris, de claps ou de sourires, est le quatrième angle droit d’un concert carré comme un ciel étoilé. Chaque morceau, non content d’être réorchestré, rallongé et réussi, prend aux tripes tant l’engagement des artistes sur scène est au firmament. Il y a certes quelques accords à côtés ou des montées d’octave un peu manquées, mais elles sont belles, ces erreurs. Et l’erreur serait de ne pas se noyer dans ces odyssées sonores, toutes mieux construites les unes que les autres. En ouvrant les yeux, on a le choix entre les muscles saillants de Lott, les gouttes de sueur du batteur, ou la totale folie de Bhatia, remarquable ce soir-là. Parmi les points d’orgue du set, Ransom est sexy comme jamais, Easy prend une dimension toute nouvelle en live, et ce n’est pas Lorde qui viendra apporter quelque chose de neuf au morceau. Electrique et fiévreux, Lanterns est interprété entièrement, le moins bon morceau de l’album excepté. Lost It To Trying It laisse sans voix, et sans mot.
C’est ce constant courage, ce bon goût très américain qui surprend. Servi par des jeux de lumière et de scène sobres, Son Lux livre une prestation impeccable, que sa dernière œuvre en date ne saurait transposer. Il démontre, pendant une bonne heure et quart, à quel point la performance scénique se suffit à elle-même, et qu’elle crée des moments d’une rare intensité. « Mais qu’est-ce qui vous fait tenir, vous impliquer autant sur scène ? ». Rafiq Bathia répond, telle une évidence : « Le public, l’amour des gens, tout simplement ». Pendant ce temps-là, Sufjan Stevens, enfermé en studio pour mettre sur pièce son pharaonique Planetarium, a du souci à se faire. Lui a beau posséder les planètes, les étoiles sont bel et bien le domaine de Ryan Lott. Cette guerre des étoiles là, épisode 7, c’est aussi pour 2015.
-> AGENDA // Son Lux + We Insist ! @ Le Tamanoir, Asnières-Gennevilliers le 1/06.
Sufjan va vraiment sortir Planetarium ?
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