lundi 3 septembre 2012

Chilly Gonzales - Solo Piano II (2012)


 
Tentez le matin. Oubliez le réveil assourdissant qui rappelle aux obligations paralysantes de la vraie vie. Eteignez la voix de Patrick Cohen sur Inter qui applaudit ses invités, aussi valeureux soient-ils. Et remerciez cette personne qui a partagé cette nuit furtive mais incandescente, voire insignifiante, partie avant que la crise de le syndrome lacrymal du ¨Mais pourquoi ça n'arrive qu'à moi ?¨ guette. Si Solo Piano (2005) constituait un allié cérébral pour une fuite nocturne tourbillonnante, ce nouvel opus de Chilly Gonzales s'inscrit en remarquable reflet musical. Deux hémisphères, un piano. Une ambiance, deux temporalités. Aucune voix, les voies du beau. D'une précision chirurgicale et un brin inquiétante, l'art du maître rappelle les grands compositeurs du XIXe siècle (Erik Satie). Il n'est pas ici question de comparaison mais d'héritage, tant la grâce et la volupté ne font pas grand bruit dans les productions actuelles. Ne cherchez pas un tube terrassant ou un titre qui mettrait deux politiques d'accord (l'automnal Solo Piano avait cet atout avec Gogol et Manifesto). Ce bijou sonore s'écoute d'une traite et c'est ce qui en fait toute sa dextérité. Si par moments, l’œil pourrait se refermer à l'écoute des monotones Epigram in E ou La Bulle de par un académisme trop forcé, le corps atteint son paroxysme d'hédonisme au fil de Nero's Nocturne et Evolving Doors. C'est tout de même de Gonzales que l'on parle là, capable de donner la chair de poule en deux accords sans anicroche. D'une harmonie faramineuse, un manque de flamboyance empreinte sur son effort de 2005 fait ici cruellement défaut. L'émotion est moins palpable, charnelle, dévastatrice. Mais elle est là. Disons que le monsieur ne s'est pas tout à fait remis de son pharaonique concert de 27 heures et 300 chansons inscrit aux Guiness Book Records s'il vous plaît. Mais cette délicatesse mélodiques fait de ce Solo Piano II une œuvre aux beaux contours. Tandis que sa chère Leslie Feist illuminait notre cœur avec l'implacable Metals (2011), Chilly est plus carnivore. Et les deux se lovent à merveille dans une étreinte et une bonne humeur matinales qui dansent à l'unisson.

8/10


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