Martyn, Thom, Mike, Lawrence and Tom |
Vous êtes originaires de
Londres. Comment les citoyens que vous êtes ont-ils émergé ?
Assez naturellement. Tout a commencé
l'an dernier avec le Printemps arabe où l'on voyait le mot
« citoyen » partout. Tout le monde en parlait et ça nous
a semblé pas mal pour un nom de groupe. On en a parlé à un ami
avant et ça lui a fait penser aux bandes dessinées, alors on a
ajouté ce point d'exclamation. Ça nous a plu.
Il y a un message politique
derrière ce choix ?
On ne parle pas ouvertement de
politique dans les paroles de nos chansons. C'est davantage un esprit
que l'on veut faire surgir, d'où l'idée de révolution. Tout ça
signifie pour nous la façon dont l'individu s'intègre et se relie à
l'ensemble, la communauté. Ça soulève beaucoup de questions sur le
pouvoir : qu'est-ce que c'est ? Et l'autonomie ? Et
surtout, que peut-on en faire ?
Vous avez collaboré avec The
Rapture pour votre album...
Oui, c'était très drôle d'ailleurs.
C'est eux qui nous ont choisis, en quelque sorte. Ils ont bien
accroché à notre musique. Puis on a envoyé une vidéo aux gens
pour tester leurs réactions et ça a plutôt bien fonctionné. Mais
ça c'est fait de manière assez simple et spontanée.
Vous considérez-vous membre de
la scène musicale londonienne ?
On a d'abord eu un temps de prise de
conscience qu'elle existait vraiment, avec une flopée de groupes qui
a émergée : Django Django, Kindness, Breton... On
essayait de faire le même genre de choses mais il n'y a pas de
règles. Ces groupes ont quelque chose de similaire dans l'esprit
mais pas nécessairement dans le résultat musical, au final. Quand
tu dis que tu fais partie de la scène musicale londonienne, c'est
assez marrant quand on y pense. Il y a quelque chose de très sain
qui arrive en ce moment : on essaie tous d'être imaginatifs et
créatifs. Avec une conscience de groupe, mais pas comme dans un
cercle fermé où on n'autoriserait personne à entrer. Ils viennent
de partout, de la pop music mais pas seulement.
Quel âge avez-vous ?
Nous avons la vingtaine (silence).
« La pop music
n'est pas morte »
Vous avez signé chez Kitsuné,
un label français...
Oui. Tu dis que c'est un label français
mais en réalité c'est un label international, qui a la côte en
Angleterre. Comment ça s'est passé ? Dès que nous avons
rencontré notre staff de managers, nous avons eu plusieurs
sollicitations de la part de plusieurs labels, justement. Mais Gilda,
de Kitsuné, est un personnage particulier qui nous a montré qu'il
pensait les choses différemment, qui nous a dit ce qu'il attendait
de nous.
C'est-à-dire ?
Quand la rencontre a eu lieu, nous
n'avions même pas encore de groupe ! Mais ils ont dit : « C'est
pas grave, on aime vos chansons, pas besoin de nom. » Et puis :
« Qui voulez-vous comme producteur ? Où souhaitez-vous
l'enregistrer ? ». Ils ne nous ont pas dit comment on
devait « sonner ». Ils se sont simplement fié à la
qualité de nos chansons, et de fil en aiguille, imaginé une vidéo
qui irait bien. C'est tellement frais d'avoir cette liberté. Et
c'est au moment où tu enregistres ton album qui tu deviens vraiment
celui que tu as voulu être.
Combien de temps l'enregistrement
vous a-t-il pris ?
Bien plus longtemps qu'Alex
(Kapranos, leader de Franz Ferdinand et producteur du groupe,
ndlr) désirait au départ. Environ deux mois et demi. Et le choix
d'Alex ne s'explique pas par le fait que nous apprécions son groupe.
On a rencontré tellement de producteurs, et tous voulaient nous
engoncer dans un processus « manufacturé », qui te dit
ce que tu dois faire et penser, qui veut créer un son qui ressemble
à des tas d'autres formations. On allait donc devenir un rouage de
cette production de masse, conformiste. Nous ne voulions pas ça.
Nous voulions notre propre truc, à nous. Alex a dit : « Venez
chez moi, il n'y a pas de règles, c'est juste entre nous, peu
importe votre personnalité ». Les chansons pop sont l'une
des plus belles créations humaines : ce sont de petites choses
qui nous unissent et qui nous font passer un chouette moment. C'est
pour ça qu'on pense que la « pop music » n'est pas une
appellation morte en enterrée.
Interview réalisée par Orlando
Fernandes
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