dimanche 2 septembre 2012

DIIV - Oshin (2012)


 
29 mai, Point Éphémère. À Paris, les concerts font suer par la promiscuité environnante et déçoivent par leur générosité absente. Beach Fossils est soucieux d'enchaîner les titres comme autant de claques qui marquent le corps et l'esprit. Quand soudain, un prompt silence. Le chanteur Dustin Payseur prévient qu'ils vont interpréter un morceau de DIIV, projet basé à Brooklyn et tenu par Zachary Cole Smith, musicien scénique de Beach Fossils. Silence béat. “Dis, on dit «Dive» ou «Daîve» ?”, telle fut la sempiternelle question qui hanta les esprits lorsque Smith offre l'instant de bravoure du show. Qu'importe, DIIV marquera son monde sur album, c'est écrit. Obligé de changer de nom par respect au groupe belge Dive, DIIV n'a en revanche eu besoin de personne pour trouver sa voie. Malgré cet apocryphe, la formation new-yorkaise est bien l'authentique auteur de treize morceaux atemporels, aussi fluides et vaporeux que le vent qui caresse la joue. La recette est pourtant accessible à tous : guitares limées, batterie rageuse et chant habité. Mais seul compte le coup de fourchette. Et à ce jeu-là, Z. Cole Smith n'a pas son pareil pour insuffler une touche atmosphérique à ses compositions solides comme du roc. 


Dès le premier coup de caisse ((Druun)), on devine aisément que la route sera belle et furtive. Aux ambiances légèrement décalées du temps qui passe, les instruments s'accordent à merveille, et rien ne dépasse. Bien sûr que des noms nous viennent à l'esprit, mais DIIV fait oublier Beach Fossils en un coup d'éclat. Le détachement lunaire de Human ou Wait et leur ligne de guitare addictive laisse coi. Ian Curtis n'aurait pas été peu fier mais il n'a aucun souci à se faire : les New-Yorkais n'ont pas vocation à imiter qui que ce soit. Ils tiennent brillamment la feuille de route fixée dès le départ. Pas une seule croche ou demi-pause n'est superflue. Alors que les mélodies se déversent, la lassitude aurait pu pointer. Mais non, le rêve éveillé subsiste grâce à la pointe de nostalgie moderne qui ronge les titres. Earthboy est d'une tristesse infinie quand on l'autorise à entrer dans notre tête. La chanson frôle la perfection. Un peu de chant, point trop n'en faut, puis l'intermède fringant et élancé (Druun Pt. II) prend aux tripes. Quel incroyable équilibre trouvé ici, sans jamais tomber dans la torpeur apathique. La maestria avec laquelle chaque morceau répond à celui qui le précède pousse à la sidération (Oshin (Subsume)). La voix de Z. Cole Smith paraît lasse et morte, tellement plus proche des satellites de Saturne que des démonstrations lourdingues et empotées. 

D'une fluidité et d'une puissance magistrales, Oshin dérobe le bijou certes pas révolutionnaire mais qui brille de mille feux – Home est une constellation à lui tout seul, le plus beau morceau ici présent. Une telle ambiance, proche de l'intensité de Chromatics, voilà ce qui manque aux productions actuelles, trop avides d'ostentation mal placée. Oshin est une escapade infiniment DIIVine.
 
9/10

(Captured Tracks/Differ-Ant)


3 commentaires:

  1. Cet album est parfait pour transpirer. Je le trouve d'une énergie folle ! Parfois les mélodies font flipper, la voix est fantomatique.

    J'ai beaucoup aimé leur prestation à la Plaaage Glazart fin août, et du coup je regrette d'avoir vu Beach House ce 29 mai, plutôt que Beach Fossils.
    J'attends d'ailleurs des nouvelles du groupe pour un éventuel deuxième album...

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    1. J'ai rencontré le groupe avant leur concert et le deuxième album est semble-t-il en préparation. De plus, tu vas pouvoir les revoir puisqu'ils seront au Pitchfork Festival en novembre. Et moi j'ai regretté de louper Beach House, mais je les ai vus à Rock en Seine, le mal est réparé ;)

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