lundi 12 septembre 2011

Cymbals Eat Guitars - Lenses Alien (2011)


En 2009, Cymbals Eat Guitars nous en collait une bonne : 'Why There Are Mountains' ? La réponse est donnée dans le premier album du groupe : pour multiplier ses perspectives, se détruire le corps d'efforts, mais surtout pour le plaisir de les réduire en fumée. L'urgent Why There Are Mountains (2009) éclatait en pleine face, dans tous les sens possibles. Le jeune quatuor de Staten Island laissait sa griffe par un son très influencé mais non moins ébouriffant. 

Lenses Alien est venu, le moment de la reconstruction aussi. Pas question de perdre du relief, non, mais canaliser l'énergie, pour éviter de s'écrouler prématurément dès l'étape du deuxième album, devient nécessaire. Sans rien perdre de sa superbe au niveau des instrumentations complexes et narratives, le quatuor a réduit son champ de vision. Et vise plus juste. La voix de Joseph d'Agostino, beau timbre désinvolte et juvénile, évite l'éparpillement. Sonic Youth rôde fréquemment, en particulier sur  Keep Me Waiting et Another Tunguska. Les deux groupes sont d'ailleurs produits par John Agnello. L'ouverture Rifle Eyesight, du haut de ces huit minutes, est une brillante symbiose entre les cymbales entêtantes de Matthew Miller, un clavier discret mais bien fichu et les dévastatrices guitares, au paroxysme de leurs capacités sonore et émotionnelle. Un sommet.

Si Lenses Alien atteint l'alchimie, c'est grâce à cet équilibre, à cette constante sensation de rupture non avertie. La délicieuse nonchalance de Shore Points (sous ses faux airs de MGMT) et la vibrante énergie déployée sur Secret Family résument le tour de force de cet album : associer un étoffé travail de composition, fait de variations, à une brumeuse intensité rythmique. De la surgit non plus la force d'anéantissement mais la faculté de création. 

8/10

(Memphis Industries/PIAS)

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