On a cessé de compter le nombre de midinettes ayant délaissé les défilés de mode pour se reconvertir dans la musique, tellement peu trouvant grâce à nos tympans bien pointilleux. Quelqu’un nous a dit que c’était encore un effet de mode. Serait-ce possible alors de franchir la scène sans se prendre les pieds dans le tapis ? Au diable les doutes car, Hannah Cohen les dissipe tous. Issue d’une famille de poètes et de musiciens, l’Américaine, aussi passionnante à écouter qu’à admirer, a parcouru le monde, tantôt muse de photographes (Richard Prince, Terry Richardson) à New York, tantôt elle-même derrière l’objectif pour délivrer sa vision du Brésil. La belle adule Caetano Veloso. Elle a vite compris que la meilleure façon de briller réside dans la mise en retrait. Incroyablement fluide et intime, Child Bride marque par sa consistance et sa fragilité, mais aussi par l’assurance naturelle de l’ex-égérie. Jamais putassier ni trop intime, l’album dévoile un soin malicieux accordé aux arrangements (piano, guitare, cordes), dosés avec intelligence, sans fioriture mielleuse, qui s’allient à la voix féline et charmeuse de Cohen. Thomas Bartlett (Doveman) à la production, connu pour ses talents de claviériste aux côtés de The National, Antony and the Johnsons et Martha Wainwright, incorpore ici la teneur suffisante pour atteindre l’équilibre entre douceur mélodique (folk et pop) et cohérence rythmique.
Hannah Cohen s’épanche dans des balades folk où sa voix, envoûtante et lunaire, nous narre les plus belles histoires (Don’t Say, Sorry). Dénué de moments creux, Child Bride est une envolée sereine et majestueuse. The Crying Game, ses arpèges de guitare et ses timides accords de piano, tirent les larmes. Hannah Cohen, plus élégiaque et touchante que jamais, est incroyable dans sa manière à elle de clouer sur place sans avoir à en faire trop ni à surprendre. Irrésistible sur Shadows, elle rappelle Kazu Makino et la grande époque de Blonde Redhead avec Misery Is A Butterfly (2004). Sur le titre le plus pop et élancé de l’album, où elle reprend un morceau de Doveman, elle se fait tour à tour féline, inquiétante et troublante. Boy + Angel et son clavier fantasmagorique, atteint le magique avec sa lignée mélodique pop accrocheuse. Il n’y a pourtant rien de sidérant, pas même de trouvaille béante sur ce premier album. Son évidence, son charme immédiat et sa retenue éclosent sans effort. Telle une fleur qui, avant même de se révéler, s’est déjà imposée comme la plus sensible, entourée de plantes sans teint ni âme.
8.5/10
(Bella Union/Cooperative Music)
Désolé d'écrire ça ici mais je savais pas trop ou poster ça. (tu peux bien sur effacer ce commentaire sans une pointe de culpabilité dès que tu l'auras lu).
RépondreSupprimerVoila on est un label de musique basé sur Londres et un de nos artistes vient de sortir son premier album et on aimerait vraiment bien avoir une chronique sur ton blog. Je te file le lien vers le bandcamp ci dessous et contacte nous par mail à dancingonsharks@gmail.com pour nous dire si ça t'intéresse et pour qu'on s'arrange pour la suite.
Bandcamp : http://amnptn.bandcamp.com
A bientôt, j'espère !
Antoine et Sid.
Bonsoir !
RépondreSupprimerEn voilà un commentaire qui fait plaisir. Je l'écouterai attentivement, mais il va falloir patienter car j'ai masse de travail d'ici à la semaine prochaine. Mais je le ferai.
J'ai écouté quelques titres furtivement, ça a l'air pas mal du tout. Je vous tiens au courant.
IS