On aurait pu la voir venir. Sóley Stenfánsdóttir s'est faite un nom au sein du génial collectif Sin Fang (ex Seabear). A 24 ans, l'Islandaise vire désormais en solo, après l'EP Theater Island (2010) qui présageait de beaux horizons à venir. De la délicatesse, une voix de porcelaine (avec ce si particulier accent nordique) et un piano éclatant : la recette employée convainc. We Sink se déroule comme une pellicule photo, chaque pièce révèle celle qui la précède. Comme une éternelle enfant, Sóley clame sa singulière fantaisie. Premier constat : tout sonne (trop ?) charmant, un peu naïf mais attachant. L'omnipotent piano rencontre une discrète batterie pour créer un gimmick additif et dansant (Pretty Face). Sur Dance puis And Leave, Soley l'artisane dote ses morceaux de douces ruptures, de contretemps, tel un conte à rebondissements.
Malgré tout, l'absence de titres plus percutants, de réelle envolée se fait sentir. Trop lisse, l'Islandaise ? Patience. Dès Kill that Clown, Sóley délaisse toute vérécondie et dévoile une face résolument plus fantasmagorique. Et audacieuse. Le morceau tant attendu arrive avec le brillant About Your Funeral : des claquements de langue, une valse lancinante, le tour est joué. Le morceau meurt absorbé par un enchevêtrement de voix habitées et un bricolage sonore rappelant les beaux débuts de Cocorosie. Le diptyque The Sun is Going Down est du même acabit, avec un clavier plus sobre et somptueux que jamais. Qu'il est bon de voir ces créatures étoilées hanter la bienveillante bulle dans laquelle l'Islandaise nous couvait jusque là. Et se laisser charmer, tout entier, en attendant le prochain rayon de Sóley.
7.5/10
(Morr Music/La Baleine)
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