Avec Moderat, faire de la musique n'a rien d'une partie de plaisir. C'est précisément sur la base de ces divergences que, un peu paradoxalement, le projet persiste et prouve son bien-fondé. La réunion de ces pionniers de la scène électro berlinoise oppose frontalement deux conceptions de la « berliner touch ». Depuis son superbe Walls (2007) jusqu'au tout récent Krieg Und Frieden (2013), Sascha Ring déploie une electronica pop parfois tourmentée mais d'une limpidité saisissante. De leur côté, Gernot Bronsert et Sebastian Szary (Modeselktor) sont plus adeptes de grosses basses, d'ambiances froides et entêtées. Difficile dès lors de trouver une ligne directrice permettant à ces deux mouvances de converger vers la splendeur. Son prédécesseur y parvenait, à l'avantage de la motion selektorienne. Ici, Ring prend du galon, se montre plus volontariste et décidé à faire entendre sa voix. Sa présence accrue sur le plan vocal distille une lumière aérienne sur des beats compressés et cliniques (Gita). Même les boucles les plus rêches en apparence contiennent une touche scintillante qui les extirpe de la noirceur totale (Therapy). Si ce deuxième album est moins vif et éclatant que son prédécesseur – nul mastodonte sonore de la trempe de A New Error à recenser - il gagne en dextérité, capable d' envolées atmosphériques nappées (Milk). Ce ne fut pas de tout repos, mais Moderat a trouvé un peu de paix intérieure.
8/10
(Monkeytown Records/La Baleine)
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