Dans la famille des crooners-groovers-dubstepers, plus que féconde depuis quelques années, je demande le nouveau-né. Mais pas le dernier venu. Cousin éloigné de James Blake, Sampha voire même Gotye (avant que celui-ci n'ait pris l'habitude de connaître quelqu'un), Matthew Hemerlein n'a pas volé sa place dans cette cohorte que l'on pensait surpeuplée à n'en plus pouvoir. Avant de rejoindre ses pairs, ce jeune Californien a fait un détour par le Cambodge, Bali, les Etats-Unis, Londres et même Tokyo pour mettre en boîte son tout premier opus, Blue Film. Sans révolutionner le genre, Lo-Fang surprend et enthousiasme à plus d'un titre. Il y a cette voix d'abord, brumeuse et sensuelle, qui semble surgir d'une table de violoncelle ou d'une étoile polaire, utilisée subrepticement comme un instrument à part entière. Jamie Woon et son groove vocal inné ne se cache pas loin de là (évidente gémellité sur Light Year). Cette magnificence vocale (quel falsetto!) se pose au service d'arrangements minutieux, tantôt psyché, tantôt plus électroniques. Sur Look Away, la rencontre d'une boucle de synthés et d'une mélodie accrocheuse prend un tournant bien senti lorsque surgissent une ligne de guitare étincelante et un violon gracile. Cette présence de cordes est l'une des grandes habiletés de ce Blue Film : insuffler une dose de classicisme à des titres aux teintes modernes et synthétiques. La clé de voûte de l'album #88 et surtout la superbe reprise de You're The One That I Want, thème de Grease entendu ad nauseam,l'illustrent avec brio. Et beaucoup, beaucoup de classe.
7.5/10
(4AD/Wagram)
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