lundi 13 décembre 2010

Nowhere Beatles

Nowhere Boy, sorti en salles le 8 décembre, réussit deux exploits. 1/ Nous faire oublier que John Lennon fut un Beatles. 2/ Nous faire croire que John Lennon, fut, est, sera un beau gosse. Improbable.


Qui est John Lennon ? C'est la question à laquelle s'attelle Nowhere Boy, le nouveau film de Sam Taylor-Wood. Réalisatrice parmi d'autres de Destricted (une série de sept kourtrajmé sur l'art et le sexe), Sam Taylor-Wood est une femme. Et, sans vouloir faire du machisme à deux balles ni de psychologie de comptoir, c'est le plus gros problème du film.

Le John Lennon décrit dans Nowhere Boy n'est pas celui qui tout le monde connaît. Ici, l'accent est mis sur la relation mère-fils entre John et sa mère, à laquelle s'ajoute sa tante. John, cinq ans à peine, assiste aux conflits à répétition de ses parents, l'air innocent, incrédule. Jusqu'à ce que la question cruciale se pose : il faut choisir entre papa et maman. Celle-ci, fuit. Le père part en Nouvelle-Zélande, et c'est sa tante (remarquable Kristin Scott Thomas) qui prendra en charge le petit génie. 

Voilà l'angle choisi pour attaquer l'icône Lennon. Résultat : un portrait sentimentaliste, psychologisant à souhait, qui jamais ne retranscrit la véritable nature du personnage. Le choix est assumé, certes, il n'en reste pas moins mauvais. Distinguer à ce point Lennon des Beatles est franchement criminel, surtout pour les fans. Nowhere Boy sied à merveille à ceux qui connaissent mal les Beatles. Les fans, eux, se sentiront trahis. Parce qu'au fond, on s'en fout que John Lennon ait souffert de la séparation de ses parents et qu'il soit devenu un appât de prestige entre sa mère et sa tante. C'est tout sauf original, et c'est enlever toute profondeur au maître.

La musique sert de tapisserie. Les Beatles ? For the wind. Lennon se forge en partie grâce à son admiration pour Elvis Presley (à qui il pique la coupe et l'arrogance). Paul McCartney (interprété par le très bon et charismatique Thomas Sangster) n'apparaît qu'au bout d'une heure de film. Tandis que Ringo et George sont réduits aux rôles de figurants. Consternant. A noter malgré tout une réalisation réussie, une esthétique assez homogène, et des acteurs somme toute convaincants.

Mais Sam Taylor-Wood manque de sérieux. Le travail pour s'attaquer à un monstre sacré d'une telle envergure (ai-je besoin de préciser que je voue un culte à Lennon ?) fait cruellement défaut. Les scènes voulues "émouvantes" (le sort qui s'abat sur la mère, les relations père-fils-mère) sont ratées, desservies par une musique mielleuse de très mauvais goût. En revanche, la scène où John s'en prend à Paul, tels deux frères ennemis, est bouleversante. Tout comme le moment où ils jouent en studio. Et livrent ce qu'ils font de mieux : de la musique.

Pas anodin que le terme Beatles ne soit jamais prononcé pendant l'heure quarante-cinq que dure le film. Pas franchement malin, non plus.

4/10


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