vendredi 16 novembre 2012

Get Well Soon - The Scarlet Beast O'Seven Heads


Combien de temps va durer cette belle entourloupe, chers Messieurs ? Cela fait plusieurs années déjà que nous sommes vexés de ne pas avoir vaincu la maladie à l'écoute de vos somptueuses litanies (Vexations, 2010). Pire. On prend goût à cet état mi-joyeux, mi-atrophié qui nous sied plutôt bien. Point de masochisme, juste l'amour de la bataille contre ce fléau avec lequel on s'écharpe depuis des années. Et quelque chose nous fait dire que cela risque de durer une éternité The Scarlet Beast O'Seven Heads touche au divin, à l'absolu. Au miraculeux. Allemand, Konstantin Gropper a commencé son escapade par une série de démos, maxis et EPs (quatre entre 2005 et 2007) avant de lancer le curieux et très remarqué Rest Now Weary Head ! You Will Get Well Soon (2008), qui l'a révélé au grand jour. Touche-à-touche (piano, batterie, guitare, violoncelle), il fait ses premières armes dans le groupe Your Garden, alors simple adolescent. Gropper obtient un diplôme de philosophie et part s'installer à Berlin puis retrouve Mannheim. En 2005, il devient lauréat du prix Erich Fried en Autriche pour avoir mis en musique un poème de l'auteur sus-cité. Über classe.

Accompagné d'une troupe de fer (sept musiciens dont sa sœur Verena Gropper), et des instruments à n'en plus compter, le chef de file et les siens confinent leur œuvre au magique. Rien que la voix qui sent le vécu écorché de Gropper, à la Neil Hannon de Divine Comedy, soigne derechef d'un chagrin de cœur. Magnificence mélodique, arrangements sépulcraux et cathartiques, le tout touche souvent au sidérant. Pour s'en convaincre, une seule écoute suffira. Pour les passionnés, le bouton repeat sera usé jusqu'à la corde. Et pour les pressés, Disney renferme l'un des plus beaux morceaux choraux créés depuis des lustres. The Scarlet Beast O'Seven Heads n'est pas un palliatif : c'est un phare de la nuit, la preuve la plus tangible contre l'inanité. Mais admirez donc ces cuivres époustouflants de justesse de A Gallows. Que dire de plus ? Que le côté intimiste de Oh My ! Good Heart rappelle les spectres de Jeff Buckley et Nick Drake ? Inutile. La toile est admirable. De ces joyaux qu'une chronique rend vaine dans une atmosphère funèbre voire christique, sans être lacrymal ni facile, écoutez Get Well Soon, et bon rétablissement, hein ! Parfois, la folie d'y croire vaut la peine de la souffrance. Mais l'espoir triomphe, toujours, envers et contre-nous.  

9/10


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