ATTENTION : énorme coup de coeur !
Il y a des albums comme ça, qui vous détruisent et vous comblent à la fois. Autant annoncer la couleur, The Miners' Hymns est de ceux-là. Complètement inattendue, une telle profondeur dans un monde de surfaces et de transparence, est une aberration temporelle.
Les six morceaux du disque composent la bande originale du film du même nom, réalisé par le réalisateur américain Bill Morrison (Decasia, c'est lui). Une ambiance cinématographique qui sied à merveille aux compositions de l'artiste natif d'Islande. L'album est bizarrement construit : six plages d'écoutes, les trois premières excédant les dix minutes, puis entre trois et sept minutes pour les suivantes. La construction est pourtant dérisoire tant il ne viendrait à l'esprit de personne de suspendre un tel rêve.
On semble assister à l'union entre les genres, entre les âges, comme si la musique baroque d'Erik Satie rencontrait les compositions conceptuelles d'un Olivier Messiaen. Les morceaux contiennent des ambiances d'une rare tristesse (An Injury to One is thé Concern of All), sauvées par une lumière cosmique omniprésente sur l'album : les mirifiques cuivres de There is no Safe Side but the Side of Truth sont d'une éblouissante beauté. Mais il est assez vain d'en parler : il faut s'imprégner de la musique de Johann Johannsson comme une déchirure corporelle qui baigne l'âme dans l'ombre et l'horreur.
Car si la musique de Johann Johannsson est éminemment classique, désespérément bouleversante, elle est surtout, plus encore que les autres, une musique d'images. Il n'y a ici aucune métaphore possible, aucune référence admise. A chacun d'allumer sa bougie intérieure pour laisser ce disque éradiquer ses démons les plus tenaces.
9/10
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