Il est des tâches plus aisées que celle de chroniquer une bande originale de film, sans léser ledit film. Tellement inextricable des images, la musique suffit parfois à sauver un brouillon visuel, voire même à le sublimer. Difficile alors de juger de manière indépendante cet album, a fortiori lorsque le film est vu et apprécié.
Ici, c'est Jonny Greenwood qui s'y colle, lui qui a déjà composé pour des bandes sons avec Bodysong (2003) et There Will Be Blood (2007). L'artisan, guitariste de Radiohead, musicien admiré tant qu'admirable, s'attaque aux amours adolescentes mises en images par Tran Anh Hung. Les morceaux, aux noms nippons imprononçables, sont marqués par des adagios de cordes, au violon, guitares et violoncelle. S'esquisse ainsi une atmosphère inquiétante, délibérément nostalgique, parfois pesante. Mais le travail produit est d'une telle volupté qu'il ne dégage aucun lourdeur, sinon de l'inquiétude. Greenwood est compositeur résident à la BBC, cela s'entend, tout comme son amour pour Messiaen (sur Naoko Ga Shinda). Pour cet album, il a également repris des passages de chansons du groupe Can en les incorporant à ses propres compositions.
D'agaçantes redondances sont toutefois à relever, bien qu'elles assurent la cohérence de l'oeuvre. Et si à quelques reprises la tension redescend grâce à une guitare vernie dans le bois, (Iiko Dakara Damattete, Toki no Senrei wo Uketeinai mono wo Yomuna), les morceaux tirent toujours sur la corde, parfois la larmoyante, bien plus souvent l'élégante.
De par son exigence et ses inénarrables talents, Jonny Greenwood nous montre qu'il n'y pas que la terre qui tremble au Japon. Il y aussi des coeurs meurtris par l'absence.
7/10
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