Foals, le retour. Pas
encore le troisième album tant attendu après le métrique et
millimétré Antidotes (2008) et l'excellent Total Life
Forever (2010), au succès mérité. En lieu et place, une
playlist idéale pour patienter jusque-là (aucune date de sortie
révélée).
Alors que The Big
Pink ou The Rapture s'étaient collés à l'exercice avant eux, Tapes
version Foals a été concocté par Edwin Congreave. Le claviériste
s’est attelé à la sélection en veillant à ce qu’elle reflète
les goûts des cinq membres puisque c’est ce que le combo
britannique a écouté depuis 2007 et leurs débuts : "Il
est facile de balancer au hasard des titres ensemble et d'appeler ça
un DJ-mix",
explique Congreave. Composée de deux faces, on comprend vite que la
cassette revêt une toute autre ambition. On pouvait s'attendre de la
part de notre quintet d'Oxford préféré (après Radiohead tout de
même) à une compilation de la crème indé hyper trendy du moment,
le genre de trucs qui s'arrache tellement c'est rare et précieux,
mais Yannis Philippakis et sa bande prennent tout le monde de court.
Véritable boule à facettes sur pattes. Difficile d'offrir une
osmose tant on sait que les goûts de ces gars-là sont hétéroclites.
Mais Foals fait mieux : il fait renaître avec brio et
intelligence l'esprit de la cassette planquée au fond du tiroir,
avec deux faces, usée mais au concept fort et inébranlable. Du math
rock des années 1990, des démos de Metronomy, du folk grec, en
veux-tu en voilà. Parmi les moments forts, la dance transversale de
Cerrone, Blood Orange et Julio Bashmore fait mouche. On se régale en
passant par de la soul (Gospel Comforters), du kraut guilleret
(Dorian Concept) en bougeant ses fesses sur le funk orgiaque de Knono
n°1 ou Condry Ziqubu. Face à de tels mouvements désynchronisés,
difficile de garder le rythme. Mais le tout s'enchaîne bien, et
quelques classiques (Nicolas Jaar, Caribou) viennent adoucir la furie
dodelinante. Cheaters,
remix de John Talabot par Teengirl Fantasy, touche au sublime.
Support nostalgique, contenu visionnaire : la clé de voûte de
la réussite de ce double disque réside dans cette alchimie pas si
évidente.
Grâce à Tapes,
les Foals prouvent à qui en doutait qu'ils sont bien l'une des
formations les plus inventives et stimulantes du moment. Pour un
temps aussi long que la durée de vie de sa cassette favorite,
secrète et irremplaçable, bien dissimulée au plus profond de ses
souvenirs.
8/10
(!K7/La Baleine)
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