JONATHAN BOULET
We Keep The Beat, Found The Sound, See The Need, Start The Heart
Chaque disque aurait sa saison adéquate. Pour éclore, pour être écouté ou pour fleurir : « C'est pimpant ça, c'est sûrement le tube de juillet » ou « Je suis déprimé, je m'en vais écouter ce son sous la couette jusqu'à Noël ». Les saisons ayant tendance à disparaître (ouvrez donc la fenêtre, vivement l'été en décembre), on se dit que les disques sont condamnés à faner une fois la saison révolue. Et pourtant, la nouvelle graine que propose Jonathan Boulet, 24 ans seulement, est vouée à transformer le boulet en bouquet estival. C'est l'été dans ce côté de l'hémisphère, mais l'Australien connaît l'hiver et nous régale. D'ailleurs, l'homme qui illustre la pochette d'album n'est-il pas torse nu et sérieusement mal en point tandis que la neige jonche le sol ? Après un premier album éponyme (2009) enregistré et composé seul dans un garage comme un roc autodidacte, le jeune homme s'entoure ici de nombreux musiciens pour donner vie à ses idées farfelues. Comparables à l'énergie foutraque de Vampire Weekend (flagrant sur sur This Song Is Called Ragged), les compositions de Jonathan Boulet sont cependant plus denses, plus envolées et tout simplement plus belles. Tandis que les New-Yorkais dansent la rumba autour d'un feu de camp en soufflant sur les flammes incandescentes, l'Australien part à la recherche de la pierre magique qui permet, grâce à la gaîté lumineuse du groupe, de nous éclairer malgré un imprévisible orage.
D'apparence bordélique et allumé, l'album est, si on l'observe de plus près, un édifice bien rangé, qui égaye par sa polymorphie et sa délicate folie. A cet égard, la conclusion christique Cent Voix est peut être tout ce qu'il faut garder du travail ici fourni, et qui promet de belles aventures pour la suite. Mais ce qui précède n'est pas en reste : la frénétique et chevaleresque batterie sublime tous les instants, en particulier l'inaugurale You're An Animal. D'une remarquable précision et densité rythmiques, l'album s'affilie volontiers avec les gargantuesques Battles, en plus soft (FM AM CB TV, l'introduction de Hallowed Hag) ou l'urgence mélodique d'Arcade Fire à l'époque de Funeral (Black Smokehat), voire même la mélancolie boisée de Fleet Foxes (Piano Voca Slung). Tant d'énergie revigorante, vraiment. Des boulets aussi présentables et canons, on en voudrait à foison.
(Modular Recordings/La Baleine)
il mérite la même note que Sufjan Stevens ?
RépondreSupprimerLes albums et les concerts (je ne note plus ces derniers) n'ont pas le même barème. D'ailleurs le concert de Sufjan avait obtenu un 11 assez fou et inutile.
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